Le Jura veut toujours accueillir les deux Ouïgours
RSR.ch // Dernière mise à jour : 2 février 2010 à 19:26
Si les deux Ouïgours étaient admis en
Suisse, ils bénéficieraient d'un permis de résidence (B) qui leur permettrait de
"se déplacer librement en Suisse", a précisé Charles Julliard, en charge de la
Justice jurassienne. "Tous les frais seront pris en charge par la
Confédération", a-t-il ajouté.
Pour prendre sa décision, le gouvernement
jurassien a procédé à une pesée d'intérêts politiques, diplomatiques et
économiques. Mais ce sont les considérations humanitaires qui l'ont
emporté.
Le gouvernement n'a pas précisé où ces deux ex-détenus de la
base américaine de Guantanamo pourraient s'établir si le Conseil fédéral donnait
suite à l'offre jurassienne. Mais il n'y aurait aucun problème d'encadrement ou
de logement, a assuré le canton.
Les deux frères ont déjà signé leur
accord pour être transférés en Suisse. "Ils n'auront pas le statut de réfugié",
a précisé Charles Juillard. Si le Conseil fédéral accepte leur venue, les deux
Ouïgours pourront se déplacer librement en Suisse, mais ils auront besoin d'un
visa Schengen pour quitter le pays.
Pékin a averti la Suisse que l'accueil de ces deux détenus de Guantanamo pourrait porter "atteinte" aux relations entre les deux pays. Pour Pékin, "les terroristes présumés de nationalité chinoise, quelles que soient leurs ethnies, doivent être rapatriés en Chine".
La section suisse d'Amnesty
International a salué le geste du canton du Jura et appelé mardi le gouvernement
à "tenir sa promesse".
Les deux Ouïghours au centre des tensions entre
Berne et Pékin ne sont pas des terroristes, mais "des pauvres hommes détenus par
erreur", fait valoir leur avocate Elizabeth Gilson.
Le plus jeune des
frères, Bahtiyar Mahnut, s'était exilé en Afghanistan "pour trouver une vie
meilleure". Son frère Arkin "était parti à sa recherche pour le faire rentrer au
pays". Ils ont fui "sans passeport" au Pakistan, où ils ont été "vendus à
l'armée américaine", selon l'avocate.
La commission de politique de sécurité
du Conseil national avait le mois dernier appelé Berne à renoncer à accueillir
ces deux frères, mais le gouvernement a bénéficié la semaine dernière du soutien
d'une très forte majorité du Parlement jurassien.
Par 45 voix contre 3,
il lui avait demandé de maintenir son offre d'accueil. Un vote qui semble avoir
pesé dans la décision annoncée mardi par l'exécutif. Reste qu'une partie de la
population semble faire preuve d'un certain
scepticisme.
agences/jeh